Quelques informations sur le télégraphe
Transmission de l'information
De nos jours, la transmission de l'information (pour les gouvernements et les particuliers) est instantanée par utilisation du téléphone, de la radio, de la télévision, d'internet.
Depuis l'antiquité, de nombreux systèmes ont été utilisés pour transmettre des messages entre des points éloignés :
- le feu ou la fumée
- le son (le cor à Ronceveau, le tam tam, l'écho.....)
- les messagers ( Marathon)
- le support écrit qui deviendra « la poste »...
En 1789, lors de la période révolutionnaire, pour le pouvoir central de la république, le délai de réception des dépêches venant des provinces frontalières est de plusieurs jours. Dans cette période d'instabilité et de dangers venant de l'extérieur, ce délai est jugé trop important.
Le système de télégraphe optique Chappe
CHAPPE développe l'idée et met en œuvre un système de transmission par signaux optiques. C'est une application de la découverte et de l'amélioration de la lunette optique permettant de voir loin, jusqu'à une dizaine de km.
Cette distance tient compte de la hauteur moyenne possible des observateurs et de la courbure de la terre. Le début de la révolution industrielle permet une production importante à un prix relativement
abordable de cet appareil.
Mis à part cette lunette, le système n'utilise que des matériaux « primaires ».
La lunette utilisée a été mise au point par l'anglais john Dollond qui est le fils d'un émigré huguenot français né en 1706.
Ce systéme utilise comme support les points hauts du territoire et les édifices de grande hauteur ainsi qu'un mécanisme articulé de bras.
- 1791 : première expérience sur 14 km
- 1793 : deuxième expérience sur 43 km
Ce système ne fonctionne pas de nuit, ni par temps de brouillard ou de pluie.
Ce système ne sera jamais accessible aux particuliers.
Les personnes assurant le fonctionnement de ce système de transmission étaient appelés «stationnaires» ou plus communément «télégraphiers».
Cette fonction, apparue en 1794 lors de la mise en service du télégraphe optique Chappe, commence à disparaître en 1845 lors de la mise en œuvre du télégraphe électrique entre Paris et Rouen et s'éteindra définitivement en 1854.
Chaque station est servie, en principe, par 4 personnes, très souvent par des couples.
Le travail est contraignant, demandant une certaine force physique et mal payé.
Mise en place du réseau
Le 4 août 1793, après une deuxième expérience réussie, la Convention convaincue par LAKANAL, décrète la création de la première ligne télégraphique entre Paris et Lille sur la frontière nord.
Couverture d'un document écrit par LAKANAL concernant le télégraphe
Document qu'il est possible de lire sur le site de la BNF ou à acheter sur internet
Un réseau complet est créé et, par adjonction de nouvelles lignes sous l'Empire et la Restauration, il étendra ses ramifications sur toute l'Europe pour atteindre plus de 5000 km avec plus de 530 stations.
Un réseau sera créé en Afrique du nord.
Carte du réseau
La vie des stationnaires
La vie des stationnaires est très dure et contraignante. Elle est conditionnée par un règlement plus dur qu'un règlement militaire.
Règlement des stationnaires :
ARTICLE 1
Les stationnaires sont chargés de la manipulation du télégraphe et de l'entretien de toutes les pièces qui le composent.
ARTICLE 2
Ils savent lire et écrire et doivent répondre à toutes les questions relatives au mécanisme et au passage des signaux.
ARTICLE 3
Ils se conforment à tous les ordres qui leur sont donnés par l'administration par les directeurs et les inspecteurs.
ARTICLE 4
Ils se relèvent à midi précis ; ils doivent se trouver tous les deux à leur poste à cette, heure quand bien même
il y aurait un congé.
ARTICLE 5
Les travaux commencent, chaque jour, un quart d'heure avant le lever du soleil et ne cessent qu'à la fin du jour.
ARTICLE 6
Le stationnaire qui s'absente de son poste, étant de service, quand la ligne n'est pas en congé, est destitué sur le champ.
ARTICLE 7
La suspension, soit d'absence, soit de retard, sera punie d'une retenue sur le traitement de l'employé qui s'en sera rendu coupable ; cette retenue sera de 20 à 60 centimes par minute.
ARTICLE 8
Dans tous les cas où l'inspecteur jugerait convenable de destituer un stationnaire, il devra provisoirement le suspendre et soumettre la mesure à l'administration.
ARTICLE 9
Les dérangements de machine, lorsqu'ils arriveront par la négligence des stationnaires, seront punis par une suspension de deux à quinze jours, et même pourront donner lieu à destitution par l'administration sur la proposition de l'inspecteur.
ARTICLE 10
Ceux qui n'auront pas donné les signaux de suspension dans les cas indiqués dans l'instruction, seront punis comme s'ils avaient été pris eux-mêmes en suspension.
ARTICLE 11
L'inspecteur de chaque division fixera les retenues à faire pour cause de suspension, et en rendra compte à l'administration.
ARTICLE 12
Toutes les retenues opérées sur les stationnaires seront distribuées à titre de gratification à ceux qui n'auront pas fait de fautes dans le courant du même mois.
ARTICLE 13
Un stationnaire qui oserait donner ou prolonger, sans nécessité, le signal de brumaire, sera destitué ; cette faute sera constatée par le procès verbal de l'inspecteur, qui devra l'adresser immédiatement à l'administration.
ARTICLE 14
Tout stationnaire qui manipulera étant ivre, sera destitué et son camarade sera responsable des fautes qui auront été faites, s'il lui a remis le service malgré son état d'ivresse ; un stationnaire qui aurait un camarade habitué à s'enivrer sera tenu d'en prévenir l'inspecteur.
ARTICLE 15
Il est défendu aux stationnaires, sous peine de destitution, de laisser manipuler aucun individu étranger à la télégraphie, même des surnuméraires, pendant les transmissions, sans un ordre par écrit du directeur ou de l'inspecteur.
ARTICLE 16
Les stationnaires ne doivent laisser entrer personne à leur poste sans une permission par écrit du directeur ou de l'inspecteur ; cette contravention pourra entraîner la destitution.
ARTICLE 17
Ils ne peuvent faire faire que les réparations qu'ils ne sont pas capables d'exécuter eux-mêmes, lorsqu'elles sont nécessaires au bon fonctionnement de la machine.
Dans ce cas, ils se font donner des quittances des sommes qu'ils ont payées pour remettre ces quittances à l'inspecteur lors de sa tournée et en être remboursés sur le champ.
Toutes les réparations, autres que celles absolument urgentes, leur sont interdites.
ARTICLE 18
Les stationnaires sont responsables de la détérioration de la machine, des instruments et autres objets qui leur sont confiés, quand ces détériorations sont la suite de leur négligence. Dans ce cas, la somme nécessaire pour subvenir aux frais de réparation, peut-être prélevée sur leur traitement.
Les signaux et l'alphabet , le système de codage
A chaque lettre de l'alphabet ou à chaque chiffre correspond une position particulière des bras.
Les transmissions sont codées.
Un vocabulaire contenu dans 92 pages permet d'exprimer 8464 mots.
Ce document secret n'est connu que des émetteurs ou récepteurs de messages.
Les stationnaires ne connaissent rien du contenu de la transmission.
Signaux de l'alphabet