Arts - Chansons

"Le crime de Puteaux " par Octave Pradels (1842 - 1930)

couverture_livre













"Pour dire entre Hommes"
d’Octave PRADELS
1842/1930
Edition de 1889
Iillustré par Kauffmann

Il existe le méme texte non illustré
chez P. Ollendorff
(Editeur à Paris) 1886

Le personnage à lunette est Octave PRADELS



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C'est une épouvantable histoire
Que tout chacun racontait hier,
Dedans les gar's de chemins d' fer !
Il paraît qu' c'est à la nuit noire,
Qu' près d' Puteaux, les faits s' sont passés...
Ah ! bonnes âmes, frémissez !

Parlé : Brrrou !!!
Ca s'ra d'main dans tous les journaux
Le crime de Puteaux !

Un garçon, d'un âge assez tendre,
Mangeait un' pomm', près d'un égout...
(Y a rien à dir', c'était son goût)
Quand, soudain, un' voix fit entendre
Au fond d' l'égout ces sombres mots :
"Tu' la mèr' !... je m' charg' des marmots!"

Parlé : Brrrou !!!
Ca s'ra d'main dans tous les journaux
Le crime de Puteaux !

Illustration

L'enfant, laissant tomber sa pomme,
S'enfuit, criant : "à l'assassin!"
Môssieu l' mair' fit sonner l' tocsin !
Tout l' mond' se l'va comme un seul homme,
Les valid's comm' les estropiés...
Mais les premiers fur'nt les pompiers.

Parlé : Brrrou !!! Epouvantable!...
Ca s'ra d'main dans tous les journaux
Le crime de Puteaux !

Illustration

Y avait plus d' trois mille homm's en armes
D' Courbevoie au Mont Valérien,
Qui, très émus, ne disaient rien,
Quand, près d' l'égout, l' chef des gendarmes
Cria : "Rendez-vous, prisonniers !"
Alors sortir'nt deux égoutiers.

Parlé : Brrrou !!! Les trois mille hommes frémirent!...
Ca s'ra d'main dans tous les journaux
Le crime de Puteaux !

"Egouttiers ! où sont vos victimes ?"
Alors les deux affreux bandits
Répondir'nt, sans être interdits,
En homm's habitués aux crimes :
"Y a pas besoin d' fair' tant d' potin !
Nous en tuons autant chaqu' matin !"

Parlé : Brrrou !... Quel cynisme !...
Ca s'ra d'main dans tous les journaux
Le crime de Puteaux !

Illustration

A ces mots-là, tout l' mond' sanglote,
Bourgeois, cocott's, municipaux :
"Où sont les corps ?" - "T'nez ! v'là leurs peaux, "
Dit l' bandit, en r'tirant d' sa botte
Quatre cadavres!... quatre rats!!
La mère et trois p'tits scélérats !

Parlé : Brrrou !...
Les deux mille neuf cent cinquante hommes qui n'entendaient
rien sanglotaient toujours!...

Ca s'ra d'main dans tous les journaux
Le crime de Puteaux !

Devant cett' preuve d'innocence,
L' chef des gendarm's s'est retourné
Vers ses homm's qui faisaient leur né
Et leur a dit : "Donc, que je pense
"Qu'il faut s'en retourner de c' pas,
"Vu, que de crime, y en a pas !"

Parlé : Brrrou !... Oui, mais on avait déjà télégraphié partout !...
Ca s'ra d'main dans tous les journaux
Le crime de Puteaux !

Cette histoir' montre où la peur mène,
Et qu'il faut se méfier surtout
Des meurtr's qui s' font dans un égout.
Puis, s'il n'y avait pas, chaqu' semaine
Un crim' comm' celui de Puteaux,
Ils mourraient d' faim tous les journaux !

Parlé : Aussi...
Ca s'ra d'main dans tous les journaux
Le crime de Puteaux !

Jean PellerinOctave Pradels, poète, vaudevilliste et romancier, est né à Arques en 1842, et est décédé en 1930.
Il débuta vers 1885 par des monologues, des contes en vers et des chansons.
Il fit également jouer des vaudevilles et dirigea, un temps, le théâtre des Capucines.