Au fil de la presse...

Le Petit Journal (1863-1944)

Vingette Le Petit Journal

Année 1866 (documents retranscris et transmis par François Texier)

N° 01180 du mercredi 25 avril 1866 : Cour d'Assise de la Seine

Présidence de M. Gouget – Audience du 23   avril.
Une succession  dévalisée.

Faux en écriture privée  –  Le mari et la femme accusées.

Nous devrions dire que c’est la femme et le mari qui sont accusés, car la femme Capy a ou paraît avoir le premier rôle dans cette affaire où elle a tout dirigé, comme elle prétend diriger les interrogatoires, et qui voulait assumer sur elle toute la responsabilité de l’accusation.
La femme Capy est placée la première sur le banc, elle déclare se nommer Jeanne Giganon, femme Capy, originaire de l’Allier, elle est âgée de quarante ans.  Elle a pour défenseur Me Lachaud.
Le mari se nomme Pierre Capy il a quarante-deux ans, est aussi du département de l’Allier, il est jardinier et propriétaire à Puteaux. Me Mezout, avocat est chargé de sa défense. M. l’avocat général Benoist occupe le siège du ministère public.
Voici dans quels termes les faits de cette affaire, sont présentés par l’acte d’accusation. Les époux Capy, propriétaires à Puteaux, avaient pour locataires les époux Robert, le 15 novembre 1865, la femme Robert décédait après une maladie de quelques semaines. Aussitôt après sa mort, les époux Capy et l’une de leurs amies, la fille Julie Potage, pénétraient dans la chambre de la défunte ; visitaient avec le plus grand soin tous les meubles, et procédaient à l’examen des papiers renfermés dans un sac de nuit. Le sieur Robert, dont l’intelligence est extrêmement affaibli, assistait de son lit à cette sorte de pillage de son logement, sans avoir conscience de ce qui se passait, il prenait part même à une orgie que le jour de l’enterrement les époux Capy faisaient dans la chambre de la femme Robert, pour se ménager l’occasion de se livrer à de nouvelles recherches dans les papiers et dans les meubles. Le greffier du juge de paix, accompagné de gendarmes, les avait surpris au milieu du repas, au moment même ou Capy fouillait le secrétaire.
La femme Robert n’avait point d’héritier connus et sa succession passait pour devoir présenter une certaine importance.
Un administrateur judiciaire fut nommé et un inventaire fut dressé les 24 novembre et 4 décembre. On ne trouva ni argent monnayé, ni valeurs, ni billet ou obligation, alors qu’il était, certain que peu de temps avant sa mort, la femme Robert avait touché les arrérages d’une rente viagère de 500 fr. et qu’elle avait prêté à diverses reprises, sur billet, des sommes d’argent aux époux Capy. Elle avait parlé de ces sommes a plusieurs personnes, notamment à la femme Gaillard, à la femme Métral et au sieur Pauly ; elle avait même consulté le sieur Gastineau, clerc de Me. Gautier, notaire, pour savoir ce que coûterait une obligation notariée de 8 000 Fr., qu’elle disait vouloir demander aux époux Capy, en échange des billets par eux souscrits en 1864 et 1865.
De son côté, la femme Capy, deux jours avant la mort de la femme Robert, avait entretenu un ami de celle-ci, le sieur Vascelaire, des billets que son mari avait souscrit à l’ordre des époux Robert, et lui avait donné conseil de s’en emparer, ajoutant ; « autant les payer à vous qu’ au sieur Robert ». C’est à ces billets qu’elle avait évidemment fait allusion quand, le jour du décès, poussant la fille Julie Potage à fouilles le sac de nuit de la défunte, elle avait dit « Si vous trouvez dans ce sac quelques chose qui nous concerne, mon mari et moi, vous me le donnez » Cependant aucun de ces billets n’a été retrouvé ; or ce sac qui devait les contenir, et que la femme Robert gardait toujours près de son lit, a été ouvert et visité par la femme Capy, et un témoin a vu cette femme glisser divers papiers dans la poche de son tablier.
Les accusés ont prétendu qu’ils ne devaient rien aux époux Robert, et qu’ils n’avaient jamais souscrit de billets à leur profit ; mais une perquisition a fait découvrir une note de la main même de Capy, mentionnant un prêt de 1 200 fr. fait le 27 avril 1864, par la femme Robert aux époux Capy, et à l’échéance du 27 avril 1866. En voyant saisir cette pièce, Capy s’est écrié «  je suis pris ! ». Et pendant l’instruction, ni lui ni sa femme n’ont pu donner sur cette pièce aucune explication plausible.
Lors de l’inventaire, les accusés ont produit quatre billets signés Magloire Rober, datés du 28 avril et 25 juillet 1864 et 15 janvier, 20 octobre 1865, d’une valeur totale de 1 000 fr. Et portant, à leur profit, obligation de pareille somme, pour les époux. La signature Robert apposée au bas de ces titres est sincère. Le sieur Robert, en prévision de son décès, avait signé en blanc un certain nombre de billets qu’il avait remis à sa femme pour lui permettre de régler leurs intérêts communs sans être inquiété par les héritiers. Les époux Capy avaient soustrait quatre de ces blancs seings en même temps que le billet constatant leur propre dettes, et ils les avaient fait remplir par une de leurs amies, la veuve Gonlet qui renaissait le fait et en indique toutes les circonstances.
L’interrogatoire des accusés a offert un spectacle inaccoutumé et assez curieux, on peut dire que les époux Capy, la femme Capy surtout, sont deux type bons à étudier. La femme Capy est évidemment une maîtresse femme qui avait ma haute main sur le ménage : elle doit être, et elle est fort intelligente, bien qu’elle affecte une grange simplicité et une ignorance complète des affaires « Je n’y entends rien, dit-elle à chaque instant ; vous me parlez de blancs seings, mais je n’ai jamais su ce que cela veut dire ». Sur cette prétendue ignorance, M. le président répond à l’accusée que, si elle ignore la nature d’un blanc-seing elle a prouvé qu’elle connait l’usage qu’on peut en faire et l’usage qu’on peut en tirer.
Dans son interrogatoire elle n’a jamais fait une réponse directe, c’est toujours à côté de la question qu’elle place la réponse, et elle montre une grande habileté à tourner les difficultés, quand elle désespère de les surmonter.
Sur un point cependant il n’y avait pas à équivoquer, et elle s’est bornée à baisser la tête et à ne pas répondre quand M. le président lui a rappelé qu’en 1850 elle a subi un emprisonnement pour vol d’un foulard.
Cette faute n’est pas la seule qu’elle ait commise d’accord avec son mari, elle a volé à une dame Auge, dont ils étaient les serviteurs, un escalier et des volets provenant de démolition. Bonne femme, au surplus, et très dévouée à son mari, qui parait avoir ou qui affecte une grande simplicité d’esprit, elle suit avec soin l’interrogatoire auquel il est soumis ; elle surveille les réponses de son mari, et, quand il lui parait qu’il va trop loin, elle se tourne vers lui et lui dit «  vas-tu te taire ». M. le président est obligé de l’avertir que si elle intervient ainsi dans cet interrogatoire, il la fera mettre hors de l’audience.
Cet avertissement ne l’empêche pas, mais avec plus de menaces et à voix basse, de souffler à son mari toujours hésitant les réponses qu’il doit faire, ce qui nécessite un nouvel avertissement, mais plus sévère, de M. le président. Enfin Capy vas répondre seul. On lui demande s’il a dit dans l’instruction, ces mots relevés par l’information, ces mots : « je suis pris ! ce qui est écrit est écrit » et il répond « je pouvais bien dire que j’étais pris, puisqu’on m’avait pris, puisqu’on m’avait arrêté. Devant le juge d’instruction, alors que sa femme n’était pas là pour lui souffler ses réponses, il avait dit : « je n’ai pas dit cela ; je nie mes réponses ; c’est un mensonge, que vous avez mis dans mon interrogatoire. »
« Et aujourd’hui, lui demanda M. le président avouez-vous, niez-vous ce propos ? » il répond « aujourd’hui je veux tous ce qu’on voudra ».
Après la déposition de dix témoins qui n’ont fait que répéter ce que l’acte d’accusation a déjà fait connaître, on entend le réquisitoire de M. l’avocat général Benoit et les plaidoiries de Mes. Lachaud et Bezout.
M. le président résume les débats, et le jury se retire de l’audience.
Quand la séance est reprise, il est donné lecture du verdict du jury, qui déclare Capy non coupable et reconnaît la culpabilité de la femme Capy, en lui accordant des circonstances atténuantes.
M. le président prononce l’acquittement de Capy et la cour condamne la femme Capy à quatre années d’emprisonnement.
Gazette des tribunaux.

N° 01207 du mardi 22 mai 1866 : Ordonnance de la Préfecture de Police

La Préfecture de Police vient de publier deux ordonnances.

La première décide que la visite générale des tonneaux de porteurs d’eau aura lieu, cette année, du 20 juin au 8 août. Il sera procédé deux fois par semaine, les mercredis et samedis, sur le boulevard Saint-Germain de dix heures du matin à quatre heures du soir.

La seconde concerne les baignades en rivière. Il est défendu de se baigner ailleurs que dans les établissements de bains et aux endroits suivants :

En Seine :
- à Epinay, au droit de l’abreuvoir, Choisy-le-Roi, à partir de 400 mètres en amont du pont, et seulement sur une étendue de 100 mètres ;
- à Vitry, sur l’alluvion, au lieu-dit des petites gares, et dans la partie comprise entre le chemin du Port à l’Anglais et le port Billeurs ;
- à Puteaux vis-à-vis de l’ile Rothschild, seulement avant huit heures du matin et après huit heures du soir ;
- à Asnières, sur un espace de 50 mètres environ, en tête de l’ile des Caboeufs ;
- à Gennevilliers, en amont et en aval du hameau de Villeneuve-la-Garenne, les abords de l’ile Saint-Denis exceptés ;
- à Nanterre, vis-à-vis de l’ile Chatou-Carrière.

En Marne :
- à Nogent, entre la prise d’eau et le pont qui réunit l’ile a l’ilot Beauté ;
- à Saint-Maur, dans le petit bras, à 80 mètres environ, eu amont du pont de Créteil ;
- à Bry, à 400 mètres en amont du village, au lieu-dit le Plaquis ;
- à Joinville, sur le banc de sable qui existe en aval du part de triage, excepté les jours fériés, avant onze heures du matin et après six heures du soir ;
- à Champigny, à 70 mètres en amont de l’ile du Martin-Pêcheur ;
- à Créteil, dans le bras du Chapitre, en aval de l’Abreuvoir ;
- à Maisons-Alfort, dans le petit bras, depuis la baie de clôture du moulin de Charentonneau, jusqu’à la pointe de l’ile de ce nom ; en amont du dit moulin.

N° 01270 du mardi 24 juillet 1866 : Concours orphéoniques

Chronique
Un des plus important concours orphéonique de l’année a eu lieu hier dimanche, 22 juillet, à Boulogne-sur-Seine. Cent soixante-seize sociétés chorales, fanfares ou musiques d’harmonie, avaient répondu à l’appel de la municipalité et de la commission spéciale chargée d’organiser la fête.
Les membres du jury étaient, MM. François Bazin, Adrien Boïeldiëu, Delibes, Meifred, Rocheflave, Eleirat, Lauret de Rillé, Delafontaine, etc. La distribution des médailles, dont une avait été donnée par l’Empereur, a été faite au champ des Ariettes, avenue de Longchamp, sur une estrade ornée de magnifiques tentures, ont pris place MM. Gérard sous-préfet de Saint-Denis, Dobelin maire de Boulogne, les membres de la commission et ceux du jury. Un grand nombre de dames occupaient les tribunes latérales. Devant l’estrade sont venus se ranger, avec leurs bannières armoriées enserrées de franges d’or, les sociétés chorales. Des milliers de spectateurs couvaient la plaine.
Les principaux prix ont été décernés :
- Pour les orphéons, aux sociétés chorales de l’Odéon, de Belleville, de Puteaux, de la Beauvalienne, du Louvre, de Béthisy-Saint-Pierre et de Sanois.
- Pour les fanfares aux écoles de Paris, à la fanfare de Vincennes et à elle de Dreux.
- Pour les musiques d’harmonie, aux sociétés de Montmartre, Clermont, Andeville.
On ne saurait se faire une idée des acclamations enthousiastes qui ont suivi la proclamation des vainqueurs.
Beaucoup d’orphéonistes étaient venus accompagnés de parents et d’amis, et ces petites colonies locales, lorsqu’une médaille leur arrivait, témoignaient leurs joies par des chants et des sarabandes.
A huit heures, un banquet a réuni dans une des vastes salles de l’école des garçons les autorités de la ville, les membres du jury, M. Jules Simon, député de la circonscription. MM. Gounod, d’Artemar, Charles de Deanpré, et un grand nombre d’invités.
Notre ami de la Bédollière était de la fête, et s’y applaudir en chantant les couplets dont voici un échantillon :

Ce soir, l’école des garçons
Entend des phrases bien senties ;
Mais tout finit par des chansons,

… Il croit sentir le flot amer.
Est-il à Boulogne-sur-Seine
Ou bien à Boulogne-sur-Mer !

Dans la soirée, toutes les rues et les maisons particulières étaient magnifiquement illuminées.
Petit Pierre

N° 01335 du samedi 6 octobre 1866 : Incendie à la fabrique de tulles de soie

On nous écrit de Puteaux.
Ce matin, il est trois heures et demie, un incendie s’est déclaré dans la fabrique de tulles de soie de MM. Kcenau frères, quai impérial N°1, à Puteaux.
L’alarme ayant été donné par l’un des chefs de l’établissement, de prompts secours ont été apportés.
M. Boucherot, maire de Puteaux ; M. Gromer, l’un de ses adjoints ; M. Pierrot, commissaire de police de la circonscription de Puteaux ; la brigade de gendarmerie et les pompiers de la localité, avec leur pompe commandée par le capitaine M. Bréchon, se sont rendu aussitôt sur les lieux, ainsi que la pompe de Suresnes et celle de l’usine Veyssières.
Le feu, qui était encore concentré dans le bureau, a été vivement attaqué par, le sergent-major Baurillon, qui revêtu de l’appareil de sauvetage, a pu pénétrer dans la pièce embrasée. Après une demi-heure d’efforts, l’incendie a été maitrisé.
L’accident a été produit par un paquet de soie nouvellement teint, que l’on avait déposé dans ce bureau, et qui a fermenté au point de déterminer un incendie.

N° 01409 du mercredi 19 décembre 1866 : Rectificatif

Rectificatif.
Mme. Isch, qui a obtenu une médaille de vermeille à la distribution des prix des cours d’adultes, est institutrice à Puteaux et non à Sceaux.