Patrimoine

Le legs Cartault : la fondation de la Rosière de Puteaux par Lise-Marie Chanel, Alain Dubrana et Dominique Valentin (2) - Les rosières de Puteaux

Les documents présentés ci-dessous ne le sont pas tous de façon chronologique, certaines années n'étant pas documentées.
Ceux que nous publions donnent cependant une idée de ce qui se passait..., même si les numérisations ne sont pas toujours très bonnes.

• Conditions d'élection
  
• Organisation du concours
  
• Organisation de la cérémonie
  
• Liste des rosières élues
  
• La première rosière de Puteaux
• La dernière rosière de Puteaux

Conditions d'élection

Par testament, en date du 6 décembre 1870, Madame Jeanne Cartault a légué à la commune de Puteaux la somme de quinze mille francs, dont les intérêts doivent servir chaque année à doter l’ouvrière pauvre, la plus méritante.
Ce don est fait sous le nom de la FONDATION CARTAULT.
La dotation ne sera acquise que par l'acte de mariage, et le Receveur en versera le montant, le jour même, en présence de l'Officier de l'Etat Civil. Le mariage aura lieu, autant que possible, le 17 janvier, anniversaire du mariage de madame Cartault. Le premier né de ce mariage portera, si c'est un garçon, le prénom d'Edmond qui était celui de Monsieur Cartault , et de Jeanne, si c'est une fille, qui est le prénom de de Madame Cartault (condition du Testament).

Le Conseil municipal (mandature : A. Blanche) dans sa séance du 25 Juin 1874, pour obéir rigoureusement au voeu de la testatrice a adopté les résolutions suivantes :

"ARTICLE PREMIER :
Les candidates devront être Françaises, nées dans la commune, ou habitantes de Puteaux depuis au moins dix ans. En cas d’égalité de mérite, la priorité sera donnée à celle née dans la commune.

ARTICLE DEUX :
Les limites d’âges sont fixées entre 18 et 30 ans. La concours a lieu sans aucune distinction de cultes.

ARTICLE TROIS :
La cérémonie aura lieu au plus tard en septembre afin que la personne désignée ait la possibilité de se marier selon  le vœu de Madame Carlault, le 17 janvier. Il est bien entendu que la lauréate peut différer son mariage de plusieurs années après sa nomination mais la dotation reste toujours fixée au chiffre de 700 francs.

ARTICLE QUATRE :
La somme de 700 francs qui représente les intérêts du legs sera versée immédiatement après le mariage civil, par les soins du Receveur municipal. Le prix ne sera donc acquis que par l’acte de mariage, et par conséquent toute personne décédée avant cet acte perdra tous ses droits. Le Conseil disposera alors de la somme restée libre en faveur d’une autre candidate au concours suivant, ce qui donnera lieu à deux nominations.

ARTICLE CINQ :
Dans le cas où une lauréate, désignée pour le prix, aurait par des actes répréhensibles démérité avant l'époque de son mariage, le Conseil, par une délibération, pourra annuler la première décision et utiliser les fonds au concours suivants, comme il est dit à l’article quatre, et cela sans recours ni appel.

ARTICLE SIX :
Chaque année, l’Administration annoncera publiquement l’ouverture du concours qui aura lieu du 1er au 30 avril. Tous les habitants de la commune auront le droit de faire connaître les personnes les plus méritantes, en donnant par écrit des renseignements exacts sur leur mérite.

ARTICLE SEPT :
Du 1er au 10 août, le Conseil, après un examen de toutes les demandes désignera au vote secret, individuel et à la majorité, les six personnes les plus méritantes.

ARTICLE HUIT :
Les six noms seront affichés à la porte principale de la Mairie pendant une période de quinze jours, et pendant ce temps, les habitants de la commune seront invités adresser à l’Administration les observations qu’ils jugeront convenables en faveur de la vérité. Tout renseignement non signé sera annulé. 

ARTICLE NEUF :
Le conseil, réuni une seconde fois et après examen des observations, votera, définitivement et au scrutin secret, pour la plus méritante. Le vote sera sans appel.
Nota : les renseignements, fournis par écrit, seront brûlés séance tenante afin d’éviter toute discorde entre les familles.

ARTICLE DIX :
La personne désignée sera immédiatement prévenue par l’Administration afin qu’elle puisse se préparer à la cérémonie.

ARTICLE ONZE :
Un livre, ouvert à la Mairie, contenant :
1° la dernière lettre de monsieur Cartault à son épouse,
2° le testament de madame Cartault,
3°copie de la délibération du Conseil municipal relative à la fondation du prix servira à inscrire chaque année le procès-verbal de la cérémonie."

Organisation du concours

Appels aux candidatures (article six)

Ci-dessous : quelques appels aux candidatures, émis par la municipalité de Puteaux.
Soit les "officiels", soit les "officieux" qui servaient de trame à l'affiche qui sera publiée.
L'appel pour le premier concours (1874) reprend les modalités de participation et d'élection adoptées en conseil municipal en mai 1874. Les appels suivants sont parfois plus succincts.

Appel pour le premier concours organisé en 1874 p1
Appel pour le premier concours organisé en 1874 p2
Appels pour les concours de 1884 et 1885

Réception des candidatures

Suite aux appels faits par la municipalité, les candidates postulaient.

Candidature de Mademoiselle Georgette Petit (1914) p1
Candidature de Mademoiselle Georgette Petit (1914) p2
Candidature de Mademoiselle Simonne Barlié (1920) p1
Candidature de Mademoiselle Simonne Barlié (1920) p2

Première délibération du Conseil Municipal (articles six, sept et huit)

A l'issue de la première délibération du Conseil Municipal, la liste des candidates retenues était affichée à la porte principale de la mairie, afin que les putéolien(ne)s qui le désiraient, fassent part de leurs observations éventuelles.
Appel aux observations (1894)

Etablissement des fiches de renseignements

A réception des candidatures, des bulletins de renseignements étaient établis sur les postulantes.
Ci-dessous quelques bulletins :
Bulletin de renseignements cf. Mademoiselle Georgette Petit
Bulletin de renseignements cf. Mademoiselle Simonne Barlié

Deuxième délibération du Conseil municipal (article neuf)

A l'issue de la deuxième délibération du Conseil Municipal, la rosière est désignée.
Choix de Mademoiselle Riboulet (1907
Choix de Mesdemoiselles Picot et Levitre (1921) (Deux nominations, cf. à l'artilcle quatre)

Organisation de la cérémonie

La fête était annoncée aux putéolien(ne)s par le biais d'affiches (entrée payante) et aux personnalités par des invitations individuelles :
Annonce de la fête (1881)
Annonce de la fête (1902)
Invitation (1911)

Ensuite, les questions protocolaires se réglaient, le déroulement de la cérémonie s'organisait :
Placement des personnalités
Organisation du cortège (1881)

Il était fait appel à différents commerces, pratiquement tous de Puteaux.
A titre d'exemple :
- la "Société de typographie et lithographie" (affiches, invitations...)
- la "Maison Waty" (costumes, passementerie,...)
- la "Maison Veuve Taille" (ameublement, vêtements, chaussures,...)
- le "Grand magasin de la botte russe" (chaussures)
- le "Salon de coiffure du centre"
- "Médailles et insignes"
- la "Maison Girault et Maison Rey" (berlines, landaus, coupés,...)
- la "Maison Ch. Pauly" (horticulteur et paysagiste)
- la "Maison A. Petit" (fleuriste)
- la "Maison Davy-Millètre" (accords de piano, ...)
- la "Maison Arsène Nenning" (vins, liqueurs...)
- la "Maison G. Davenne" (traiteur,...)
- les "Manufactures générales d'artifice"
- le Restaurant "Chez nous"
- le Restaurant "Ruaud, successeur"
- "La revendication" (champagne, biscuits...)
- ...


Cette cérémonie de la Rosière de Puteaux devait avoir un certain écho dans la région. Des offres de service étaient faites à la Municipalité :
Société de lecture et de récitation
Organisation de spectacles p1
Organisation de spectacles p2

Le service d'ordre était, bien entendu, de la partie. Une telle cérémonie se devait d'être "encadrée".
Etat nominatif des sergents en service (1910)

Le programme des festivités était peu à peu défini.
Progamme de l'année 1911

L'allocution également. Elle sera reprise dans le bulletin municipal officiel de la ville de Paris.
Discours de Monsieur Féron, membre du Conseil Général, député de la Seine (1902)

Lors de cette cérémonie, des médailles étaient remises.
Médailles d'honneurdécernées aux membres de la compagnie des Sapeurs-Pompiers qui se sont distingués pendant les inondations de 1910 (1911)

Les "malheureux" n'étaient pas oubliés. Une partie des sommes perçues sur les entrées à la cérémonie, au bal, était reversée pour les aider.
Quittance "Droits des pauvres"

La cérémonie se terminait par un bal annoncé à grand renfort d'affiches conséquentes. La lecture du programme du bal nous remettent à l'esprit toutes les danses de l'époque : mazurka, polka, quadrille, valse lente, schottisch, boston, tango...
Affiche 1
Affiche 2
Affiche 3
Programme du bal p1
Programme du bal p2
Programme du bal p3

Liste des rosières élues

• 1874 : Mademoiselle Boulliaut
• 1875 : Mademoiselle B. Rozier
• 1876 : Mademoiselle Hemmel
• 1877 : Mademoiselle Lefèvre
• 1878 : Mademoiselle Seichet ? Peichet ?
• 1879 : Mademoiselle Verché
• 1880 : Mademoiselle Tilliette
• 1881 : Mesdemoiselles Grosclaude et Chéron
• 1882 : Mademoiselle Rémusat
• 1883 : Mademoiselle Mathilde Lefèvre
• 1884 : Mademoiselle Dufour
• 1903 : Mademoiselle Jacquin Catherine Julie Augustine
  née le 25/09/1881, demeurant 4 route Charles X
• 1904 : Mademoiselle Querruel Marie Alice Augustine
  née le 16/01/1881, demeurant 43 rue Valmy
• 1905 : Mademoiselle Hiroux Marguerite
  née le 17/05/1884 à Neuilly, demeurant 7 rue de l'Eglise
• 1906 : Mademoiselle Vigneron Francine
  née le 09/02/1887 à Paris 8ème, demeurant 15 sente des Hautbouts
• 1907 : Mademoiselle Riboulet Joséphine
  née le 02/09/1887 à Boulogne, demeurant 21 rue Arago
• 1908 : Mademoiselle Lamiraute Marie Emilie
  née le 02/12/1887 à Paris 8ème, demeurant 40 avenue de Saint Germain
• 1909 : Mademoiselle Le Barbier Fernande Victorine
  née le 26/04/1888 à Saint Maur de la Bruyère (Sarthe), demeurant 162 rue de Neuilly
• 1910 : Mademoiselle Fessart Théréza Honorine
  née le 05/05/1888 à Oisel (Seine Inférieure), demeurant rue Nélaton
• 1911 : Mademoiselle Renart
  née le 30/04/1890, demeurant 4bis rue des Coutures
• 1912 :Mademoiselle Ernestine Barthe
  née le 05/10/1886 à Paris, demeurant 49 rue du marché
• 1913 : Mademoiselle Lemoine Henriette
  née le 12/05/1893, demeurant 3 rue des Pavillons
  Marraine : Madame Toure, Présidente de l'oeuvre du dispensaire Hôpital Marie Hélène
• 1914 :Mademoiselle Sallier
  née le 10/08/1888, demeurant 2 place de la Mairie
• 1915 : Mademoiselle André Anne Marie Augustine
  née le 26/051896, demeurant 5 rue du Marché
• 1916 : Mademoiselle Jouvignot Marcelle Henriette Léonie
  née le 02/01/1895, demeurant 2 place de la Mairie
  décédée le 20 janvier 1920
  
• 1917 : Mademoiselle Rongier Antoinette
  née le 24/07/1897 à Paris, demeurant 9 rue cartault
• 1918 :Mademoiselle Morel Lucienne
  née le 11/05/1891, demeurant 4 rue Godfroy
• 1919 : Mademoiselle Boutillier Marthe Désirée
  née le 23/11/1896, demeurant 21 rue Voltaire
• 1920 : Mademoiselle Courbe Gilberte Marie...
  née le 03/02/1901, demeurant 14 impasse du Champ ...
• 1921/1922: Mesdemoiselles Picot et Levitre
  Mademoiselle Picot Yvonne Camille
  née le 03/10/1902 à Nanterre, dmeurant 61 rue Pasteur
  Mademoiselle Levitre Marguerite Georgette
  née le 07/05/1901, demeurant 59 bis rue Jean Jaurès
  Deux élues, car celle de 1916, Mademoiselle Jouvignot, est décédée en 1920.
• 1922/1923 : Mesdemoiselles Lépine et Simon
  Mademoiselle Lepine suzanne Lucienne
  née le 03/07/1905 à Paris
  Mademoiselle Simon Raymonde
  née le 27/11/1906
  Marraine de toutes les deux : Marquise de Dion
• 1924 : Mademoiselle Vionet Germaine
• 1925/1926/1927 : Mesdemoiselles Gronier, Bromat et Legouas
  Mademoiselle Gronier Léonie
  demeurant 4 rue Cartault
  Mademoiselle Bromat Andrée
  demeurant 4 rue de la République
  Mademoiselle Legouas Lucienne
  demeurant 29 rue de....
• 1928 : Mademoiselle Oursel Mauricette
  demeurant 29 rue Cartault
  Le couronnement aura lieu en 1934
• 1929 : Mademoiselle Perru Madeleine Augustine
  demeurant 4, rue Cartault
  Le couronnement aura lieu en 1934
• 1930/1931 : Mesdemoiselles Davaille et Dzenziolsky
  Mademoiselle Davaille Germaine Madeleine
  demeurant 29 rue de Cartault
  Mademoiselle Dzenziolsky Mauricette Julie
  demeurant 39 rue Jean Jaurès
  Leur couronnement aura lieu en 1935

La première rosière de Puteaux : Marie Eugénie Alexandrine Boulliaut

Marie Eugénie Alexandrine Boulliaut était couturière et demeurait à Puteaux, 6 rue Gerhard.
Elle était née à Rueil (alors Seine et Oise) le deux janvier 1851, dont acte. Elle était la fille majeure d' Alfred Antoine Boulliaut, maçon et de Marie Jeanne Boeuf, blanchisseuse.
En 1874 ses parents sont déjà tous deux décédés.
Elle se maria le lundi 17 janvier 1876 à onze heures à la mairie de Puteaux avec Emile Trocquenet, ajusteur, demeurant 40 rue Poireau, né le 4 novembre 1848 à Malincourt (Nord).
Elle déclara que conformément à l'avis du conseil d'état du 30 mars 18?? , il y a une erreur dans l'orthographe du nom de ses parents et qu'il faut lire BOULLIAUT au lieu de BOUILLIANT. Il a été fait un contrat de mariage le seize janvier devant maître Fermé, notaire à Suresnes.
Témoins lors du mariage :
- Alphonse BOULLIANT, maçon, oncle demeurant à Suresnes, 4 rue du mont Valérien
- Louis Amédée EMERY, propriétaire, demeurant à Puteaux, cité du Bel Air
- Emile HUART, quincailler, demeurant à Argenteuil
- Armel REGNAT, fumiste, demeurant à Montléry

La dernière rosière de Puteaux : Mauricette Julia Dzenziolsky

Mauricette Julia Dzenziolsky était ouvrière horlogère et demeurait au 39 rue Jean Jaurès, à Puteaux.
Elle était née à Puteaux le 23 septembre 1913 et est décédée le 5 août 1943 à Auschwitz (Pologne). Elle y était parti dans le convoi n° 58 du 31 juillet 1943. (Ce convoi transportait 1000 personnes, 727 ont été gazées à l'arrivée. En 1945, de ce convoi, il n'y eut que 26 survivants : 10 hommes et 16 femmes).


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