Au fil de la presse...

Le Petit Journal Illustré. 17/10/1891

Le drame à Courbevoie

Un médecin-major assassin

"Quand viendra devant la cour d'assises la déplorable affaire de Courbevoie, j'espère, sans oser le croire, que l'avocat du médecin-major Breton ne nous la transformera pas en drame passionnel.
Où est la passion dans ce que vous savez de cette histoire et que je vais vous rappeler.
Une madame Raymond est mariée à un commis voyageur dont elle se lasse au bout de quelques temps ; survient un M. Genisset, dentiste à Vincennes ; elle abandonne le commis voyageur pour le dentiste.
Ce degré franchi du commis voyageur au dentiste, elle s'élève du dentiste au médecin-major.
Quo non ascendam ? disait le surintendant Fouquet. Où ne monterai-j pas ?
Le dentiste se fâche ; vous croyez peut être qu'il va réclamer la femme sans laquelle il ne peut plus vivre après douze années de vie commune ?
Point, c'est quarante cinq mille francs qu'il redemande, qquarante cinq mille francs versés dans l'affaire dentisterie.
Ill insiste avec arrogance, ce qui lui vaut de la part du médecin-major une volée de coups de canne plus facile à fournir que la somme exgée.
Génisset embourse la raclée, n'envoie pas de témoins, ne se bat pas, mais recommence à se plaindre pour les quarante cinq mille francs.
Il faut croire qu'il devient indiscret, puisque un jour, comme notre dessin vous l'indique, le médecin-major sort de son caractère, il se précipite dans un débit de vins où le dentiste exhalte ses plaintes bruyantes et le tue à coups de révolver.
Pourquoi cet homme qui a l'honneur de porter l'uniforme, est-il devenu criminel ? C'est sans doute ce que les débats nous apprendront.
L'affaire de Courbevoie a fait et fera torp de bruit pour qu'il nous fût permis de pas lui consacrer notre première page.
L'affaire est incontestablement intéressantes, mais les personnages ne le sont guère."